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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 00:13

Un programme de démobilisation des groupes rebelles est en cours en République centrafricaine. Mais le pouvoir doit, de son côté, faire preuve d'une meilleure volonté pour mettre un terme à plusieurs années d'instabilité.

Des soldats centrafricains marchant dans les rues de Bangui, décembre 2007. REUTERS/David Lewis

 

Le «dernier groupe rebelle de République centrafricaine désarme», titraient de nombreux journaux, en date des 25 et 26 août 2012.

La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) venait en effet de signer un accord avec le pouvoir de Bangui, la capitale du pays, afin de rejoindre le processus Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) (concernant les ex-combattants du pays) et de se transformer en parti politique.

Au même moment, Baba Ladé (chef rebelle tchadien, général autoproclamé) annonçait le retour de son Front populaire pour le redressement (FPR) en Centrafrique pour négocier avec les autorités de Bangui (et de N’Djamena), et se rendait effectivement à la Force multinationale de l’Afrique Centrale (Fomac) quelques jours plus tard.

L’abandon des armes par les deux principaux groupes rebelles à avoir déstabilisé le pays au cours des derniers mois ouvre une fenêtre d’opportunité importante pour la stabilisation du pays.

Mais l’accalmie ainsi créée ne doit pas se transformer en une illusion sécuritaire qui conforterait le régime dans son inaction sur le plan des réformes.

Certes, il s'agit d'une bonne nouvelle pour les populations civiles vivant sous la menace du CPJP depuis sa création en 2008. Mais le désarmement du groupe rebelle, fut-il le dernier actif à ce jour, ne permettra néanmoins pas de pacifier définitivement la République Centrafricaine.

Sans une stratégie globale de réformes exhaustives adressant les causes profondes de l'insécurité, le processus de DDR en lui-même ne saurait constituer à lui seul un processus de paix efficace sur le long terme, comme nous le rappelle les cas de la République démocratique du Congo ou du delta du Niger.

La République Centrafricaine avait pourtant adopté un tel programme de réformes en profondeur de ses institutions à la suite de l'accord désigné sous le vocable Dialogue politique inclusif, de décembre 2008.

La pression internationale s'est cependant évanouie au lendemain de la signature de l'accord, permettant au président François Bozizé de renier un certain nombre de ses engagements, notamment ceux liés à la reconfiguration de la Commission électorale indépendante (CEI).

Des accords de paix, mais le feu couve encore

A la suite de sa réélection en 2011, ponctuée de fraudes et de nombreuses irrégularités, Bozizé abandonna purement et simplement toute réforme prévue par l'accord.

Le gouvernement adopta plutôt une stratégie de négociations bilatérales avec les principaux groupes rebelles.

L'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) et l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD, principale rébellion centrafricaine auto-dissoute en mai 2012) acceptèrent tour à tour de joindre le processus DDR, relancé depuis peu sous l’égide du Bureau des Nations unies pour l'Afrique centrale (UNOCA) et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) après des années de blocages.

Mais le désarmement des principaux groupes rebelles connus jusqu’ici ne saurait suffire à assurer la stabilité et la sécurisation du pays.

D’une part le banditisme continue de sévir jusqu’aux portes de Bangui et les attaques contre les populations civiles sont nombreuses —certaines étant même attribuées à d’anciens groupes rebelles pourtant enrôlés dans le DDR.

Sans compter les activités de la LRA dans l’est qui, malgré quelques succès obtenus par les forces armées ougandaises (UPDF), semblent se faire un nid juste à l’ouest de la zone d’opération militaire autorisée par Bangui.

Le départ annoncé de la Micopax (Mission de stabilisation de la paix en Centrafrique, constituée de soldats de dix pays de la sous-région d'Afrique centrale) ne fait qu'accentuer la nécessité de s'attaquer rapidement aux racines de l'instabilité.

Mais surtout, bien que le désarmement, la démobilisation et la réintégration des éléments armés demeurent des éléments centraux de tout processus de paix en République centrafricaine, le DDR sans processus de paix risque de renforcer plusieurs risques politiques majeurs en voie de devenir systémiques en Centrafrique.

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